• Les derniers seront les premiersBeginners (2011)

    Un film de Mike Mills

    Avec Ewan Mc Gregor, Mélanie Laurent, Christopher Plummer

      

    Dans la veine des films racontant un amour naissant, il y a plusieurs écoles. Celle de la Comédie Romantique classique dont nous avons les tenants et les aboutissants avant même de voir ne serait-ce qu'une seule image. Celle du film d'amour, tellement empli de clichés romantiques et de guimauve que cela en devient gluant et pas forcément intéressant. Et il y a le juste milieu. Ce genre qui ne porte pas encore de nom (qui emprunte de temps en temps celui de « comédie romantique » parce qu'il est suffisamment léger pour ne pas être un drame, ou celui de la « comédie dramatique » parce qu'il est suffisamment recherché pour provoqué chez le spectateur des sentiments fins et parfois contradictoires) n'est pourtant pas nouveau. Before sunrise et 500 jours ensemble l'utilisaient déjà merveilleusement. Beginners s'inscrit dans cette veine, entre drame et légèreté.

    Le postulat de départ contient déjà ce mélange : Oliver (Ewan Mc Gregor), jeune illustrateur à Los Angeles, vient de perdre son père (Christopher Plummer), mort à la suite d'une longue maladie peu de temps après avoir assumé son homosexualité à 75 ans. Oliver hérite alors du chien de son père, Arthur, et rencontre lors d'une soirée une jeune comédienne française (Mélanie Laurent) et tombe sous le charme. Débute alors entre eux une histoire d'amour dont la fin est annoncée, la comédienne doit repartir après la fin de son tournage. Le film est inspiré de la vie du réalisateur, Mike Mills, qui trouve en Oliver une projection idéale de lui-même.

    Il est inutile de dire que le casting est très bon : chaque acteur est au diapason et donne vie au personnage de la meilleur façon qui soit. L'originalité de ce film ne réside pas tant dans le jeu des acteurs que dans les thèmes traités et sa façon de le faire. Mike Mills est un artiste et il tient à le montrer dans sa mise en scène. Plutôt que de suivre une histoire linéaire ou une histoire construite sur un système de flashback (comme par exemple Amadeus de Milos Forman où nous voyons le résultat puis les causes), Mills choisis de mener de front deux périodes de la vie de son personnage : la rencontre et l'histoire d'amour avec la comédienne française pendant le deuil de son père en parallèle de la maladie de celui-ci. Passé et présent se croisent sans cesse avec pour seul point commun Oliver. Un dessin qu'il fait nous éclaire d'ailleurs sur ce poids du passé sur le présent : il l'écrase comme un rocher écrase un homme. Le passé nous façonne, nous modèle, et quoique nous fassions nous habite. Dans la femme qu'il aime, il voit sa mère un peu folle. Mais il vit son histoire d'amour sans se poser de question, se rappelant que son père a vécu durant des années en couple hétérosexuel sans pouvoir s'assumer complètement à cause de la société qui l'en empêchait. Il vit cette histoire que ses parents n'ont pas vécus.

    Dès lors, le titre du film se comprends plus facilement. Le film s'articule sur le début et la fin des choses. Alors que jusque là la vie sentimentale d'Oliver était un fiasco, la mort de son père va le pousser à forcer les choses, à vivre une vraie histoire d'amour. Mais celle-ci serait limitée par le départ prévu de l'objet de son amour. La fin d'un homme donne naissance à un autre. Par la mort de son père, Oliver devient réellement un homme mais est menacé par la fin de son amour. Il dit d'ailleurs à un moment qu'il a toujours quitté les femmes qu'il aimait par peur que leur relation ne se termine : une contradiction de plus. Le réalisateur se paye même le luxe d'offrir une fin de film qui s'ouvre sur un nouveau début (que je ne citerais pas afin de ne pas gâcher le plaisir à ceux qui ne l'ont pas vu) alors qu'il débutait sur une fin.

    Si vous en avez assez des comédies romantiques prévisibles et qui ne prennent pas la peine de développer une vraie réflexion et des personnages, sautez sur ce petit bijou déjà disponible en dvd et vous ne serez pas déçus.


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  • Il était une fois dans une région lointaine, très lointaine, bien au-delà des montagnes délimitant le monde connu, un royaume dont les habitants avaient tous été béni des dieux. Les hommes étaient grands, beaux, fort, athlétique, taillés dans du roc et visiblement gâtés par mère nature. Les femmes, quant à elles, étaient toutes magnifiques, intelligentes et savaient ne parler que quand le besoin s’en faisait sentir. Enfin bref, un royaume qui ne pouvait exister que dans les rêves les plus fous. Sur ce monde de gaieté et de paix régnait un roi sage et bienveillant dont le seul malheur était de n’avoir qu’une fille comme descendance. Jessie, car c’était bien là son nom, représentait l’archétype même de la femme parfaite : le sortilège jeté par une vilaine sorcière à sa naissance l’ayant rendue muette. Seul le baiser langoureux, et avec la langue, d’un prince charmant pouvait lui rendre la parole, maudissant par là même ledit prince. Aucun prince de la région ne voulait évidemment s’y risquer. Pensez donc, le dilemme est cornélien. Quel homme pourrait résister à la femme parfaite et n’aurait pas l’envie immédiate de l’embrasser ? Or une fois l’envie satisfaite, la princesse perd de sa perfection. Cependant, il existait au fin fond du royaume un petit prince de pacotille. Il s’appelait Tyler et était fou amoureux de la princesse si bien qu’on ne trouvait plus un seul mouchoir propre dans les environs. Sitôt qu’il appris que Jessie recherchait un bel homme pour mélanger sa salive et ainsi briser la malédiction, le sexe du prince ne fit qu’un tour dans son caleçon et il décida de partir sur le champ pour rejoindre la princesse. Il chevaucha pendant des jours et des nuits avant d’atteindre le château du roi. Enfin arrivé, il s’installa dans la salle de réception et se laissa tomber sur une chaise, exténué par son long périple. Il se releva immédiatement, non à cause de l’entrée du roi ou de sa fille dans la pièce, mais à cause du déclenchement d’une crise hémorroïdaire aiguë due au tapement de la selle pendant le voyage. Il attendit dans cette salle pendant des heures et des heures avant que la princesse Jessie n’apparaisse. Quand elle aperçus ce prince si bien habillé avec sa démarche de cow-boy, la princesse se sentit envahit d’une douce chaleur qui réchauffait son coeur, une chaleur qu’elle n’avait jamais ressentis auparavant. C’était l’amour, elle le savait. Son organe vital battait à toute allure et elle se sentait comme enivrée. Ils voulurent tout deux résister mais leur amour était trop fort et ils se sautèrent vivement dans les bras afin de se rouler un patin de tout les diables.


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  • P.S. I LOVE YOU GERARD BUTLER P.S. I Love you (2008)
    de Richard LaGravenese

    Avec Hilary Swank, Gerard Butler, Lisa Kudrow, Harry Connick Jr, etc
     

     Je me pose toujours la question de savoir si je dois chroniquer ici uniquement des films récents pour satisfaire un besoin d'être proche au maximum de l'actualité, ou si au contraire je peux me permettre de parler de films plus anciens. Je ne sais pas si je trouverais un jour la réponse. J'ai pour habitude de considérer qu'un film ne meure jamais et est donc toujours d'actualité, du moins c'est ce qu'il devrait être. Alors chroniquer un film le jour de sa sortie ou des années après, quelle différence ? Un bon film est censé rester un bon film même quand le temps est passé. D'un autre côté se pose le problème de l'intérêt du lecteur de ce blog d'avoir un article sur un film moins récent. Et là je pense à la personne qui n'aurait pas eu la chance de voir ce film ou d'en entendre parler à l'époque. Doit-on le priver d'une oeuvre sous prétexte qu'il n'a rien lu dessus à l'époque. C'est en tant qu'ami que je vous parle des films sorti depuis longtemps, comme on viendrait sur le sujet lors d'un dîner "comment mais tu n'as pas vu machin ?" La mémoire du cinéma se transmet aussi comme ca, parce que quelqu'un à un moment va parler d'un film à ceux qui l'ont vu et peut etre donner l'envie à ceux qui ne l'ont pas vu de se jeter dessus. Celui dont je vais vous parler n'est pas si vieux que cela puisqu'il date de 2008. A sa sortie en salle, beaucoup de spectateurs en sont sortis marqués, émus et gardent toujours un bon souvenir de ce moment. Je vais tenter de dégager quelques raisons qui font que ce film est indispensable.

    On y suit une femme, Holly, dont le mari vient de décéder alors qu'il n'avait que la trentaine. Elle évidemment détruite jusqu'au jour de son anniversaire où elle découvre que son mari lui a laissé une série de courriers qu'elle doit s'engager de suivre à la lettre (ah ah quel humour !). Il va petit à petit l'amener à faire son deuil et à vivre une nouvelle vie sans lui. Le film pourrait être triste au possible. C'est sans compter sur le talent des scénaristes qui parviennent à tirer de cette histoire une comédie romantique d'un genre nouveau. Tout les codes y sont bousculés. Certes on rit souvent des déboires des personnages qui se retrouvent souvent dans des situations comiques à la Ally Mc Beal. Mais l'histoire d'amour hyper-prévisible entre Holly et le personnage interprété tout en finesse par Harry Connick Jr s'avère nous surprendre à bien des égards. Et finalement la seule vrai histoire d'amour du film ne serait-ce pas cette histoire entre Holly et son défunt mari. Un amour au delà de la mort. L'idée que l'amour ne meurt jamais.

     Et je crois que c'est cela qui touche tant le public. L'amour entre deux être est quelque chose de tellement magique et impalpable, que quand un des deux part (ici les scénaristes ont jugé que le décès était plus efficace mais cela pourrait être n'importe quelle séparation) l'amour entre les deux ne disparait pas pour autant et prends au contraire toutes les formes du romantisme. L'amour platonique n'est il finalement pas le plus pur selon la pensée commune.  La réalisation reste classique, il est vrai. Ceci dit c'est peut être le moyen le plus efficace pour transmettre les émotions directement au public. Il n'est pas besoin de grands effets pour toucher le coeur. Hilary Swank campe un personnage détruit par la mort de son compagnon mais qui vit sa souffrance intérieurement. Son entourage la voit triste mais pas au point où elle en est. Saluons une prestation très charmante et délicieuse de Jeffrey Dean Morgan, John Winchester dans Supernatural. P.S. I Love you est un film délicieux et scénaristiquement bien construit. Les émotions qu'il véhicule gardent toute leur fraîcheur et sauront vous donner une terrible envie de profiter de la vie à chaque instant. Si vous êtes en couple, c'est le genre de film à se blottir contre sa moitié et lui sussurer des mots doux à l'oreille. Je n'ai pas vu de film sur l'amour aussi beau depuis Ghost. A croire que l'amour devient beau une fois qu'on a perdu la personne qu'on aime...


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  • Drake never DiesUncharted 3 : l'illusion de Drake

    studio : Naughty Dogs

    Sortie le 2 Novembre 2011

    Exclusivement sur PS3

      

    Jusqu'à maintenant, l'aventure avait un nom : Indiana Jones. Il lui arrivait d'être concurrencé par quelques Alan Quattermain et Flynn Carson mais ces cadors ne lui arrivaient jamais à la cheville. Mais les temps changent, les héros vieillissent et le dernier opus en date des aventures de l'archéologue au chapeau et au fouet a laissé un goût amer dans la bouche des fans. Depuis 4 ans, c'est du côté de l'univers vidéoludique qu'il faut lorgner pour trouver un adversaire à sa mesure. Les avancées technologiques et une volonté d'en faire le 9ème art ont menés les créateurs de jeux vidéos à se renouveler et à développer des histoires dignes d'être suivies sur plusieurs heures. Ils prétendent également provoquer des émotions chez le joueur comme si il vivait l'action. Une immersion ultime, un film interactif. Si les concepteurs n'ont pas encore explorés le genre de la comédie romantique sur console (Quand Sonic rencontre Sony, avouez que cela aurait de la gueule!), le genre du jeux d'aventure était dominé par une figure forte : Lara Croft. Mais ses dernières tentatives en date se sont avérés des échecs commerciaux pour des jeux pas toujours très bons. Rechercher des artefacts dans des temples remplis d'énigmes ne serait plus à la mode ? Un studio, que l'on croyait mort jusque là, va développer en secret un projet pour la naissante Playstation 3. Il s'agit de Naughty Dog, créateur du cultissime Crash Bandicoot sur Playstation. Depuis qu'ils avaient revendu la licence à Universal, nous n'avions plus entendu parler d'eux. Leur retour se fait en fanfare avec le titre Uncharted : drake's fortune qui sort en 2007. Ce jeu est un mélange d'action et d'aventure mettant en scène la quête de l'aventurier Nathan Drake sur les traces de son ancêtre, Francis Drake, à la recherche de la cité d'Eldorado. Il s'en écoule 2,2 millions d'exemplaires à travers le monde. Une suite est évidemment mise en chantier et sort en 2009 avec le même succès. Le troisième opus est sorti le 2 Novembre 2011 et on peut dire qu'il tient ses promesses.

    Les scénarios des aventures de Nathan Drake sont toujours palpitants et prétendent concurrencer les films d'aventures. Encore une fois, le joueur est servi. Sans en dévoiler les tenants et les aboutissants (les nombreux mystères et rebondissements sont un des moteurs importants du jeu), nous pouvons dire que Drake s'est lancé à nouveau à la poursuite du passé de son ancêtre Francis Drake. Sa légendaire bague qu'il porte autour du cou semble être au cœur de toutes les volontés puisqu'elle est convoitée par un groupuscule secret à la recherche d'une mystérieuse cité perdue au milieu du désert : L'Atlantide des sables. Il n'en faut pas plus pour susciter la curiosité de notre « anti-héros » et le faire se lancer dans l'aventure avec son meilleur ami, Victor Sullivan. Mais cet opus sera aussi l'occasion de fouiller dans la jeunesse de Nathan et découvrir comment est née son amitié avec Victor. Vous aurez également l'occasion pêle-mêle : d'attaquer un convoi à cheval, d'être pendu dans le vide au dessus du désert dans un avion en train de s'écraser, de fuir d'un château en flammes dans l'est de la france, etc. Pas le temps de vous ennuyer, dans Uncharted 3 : L'illusion de Drake, il y a toujours quelque chose pour vous réveiller. Le seul reproche qui puisse lui être fait s'adresse aux joueurs des deux opus précédents : malgré quelques nouveautés, le scénario est construit sur la même base que les deux précédents et certains dangers sont prévisibles quand on connaît le système de fonctionnement du jeu. Seuls quelques nouveautés viennent rehausser l'intérêt. On regrettera également l'absence d'un boss final qui marquerait un morceau de bravoure dont on serait fier d'avoir réchappé. Le gameplay relève de la même démarche. Les concepteurs n'ont fait que reprendre les meilleurs éléments des premiers et les appliquer sans réelle évolution notable, si ce n'est des combats au corps à corps plus dynamiques. La raideur des personnages n'a toujours pas été réglée, à croire que ce n'est qu'accessoire pour l'expérience de jeu.  

     Uncharted : l'illusion de Drake fait donc parti des titres incontournables de la fin de l'année. Malgré les quelques petits problèmes qui ont pu être soulevés, la sensation de faire parti d'une grande aventure prends le dessus et le plaisir est là, intact. Pour les amateurs de Drake, il est d'autant plus intéressant que la fin du jeu clôt une boucle démarrée depuis le premier opus.


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  • Let's Do the Time Warp againThe Rocky Horror Picture Show (1975)

    Un Film de Jim Sharman

    Avec Tim Curry, Susan Sarandon, Barry Bostwick, Richard O'Brien

    genre : comédie musicale

     

      

      

    « Michael Rennie was ill, the day the earth stood still... » A peine ces paroles sont elles prononcées par la bouche pulpeuse de Magenta, dont seules les lèvres apparaissent sur un fond noir, que déjà le spectateur se sent tout émoustillé. Les paroles de la première chanson sont une accumulation de titres de films et autres références à une culture de série B. Cela peut être incompréhensible et c'est pourtant génial. Le message est lancé, ce que nous allons voir est définitivement quelque chose de différent. Le générique marque déjà cette différence. Le texte rouge sur fond noir est à la fois sexy et terrifiant. Il dégouline comme pour souligner que ce que nous allons voir n'est pas rigide et qu'au contraire, nous serons dans la trangression constante. Pourtant la scène qui suit nous ramène à une réalité on ne peut plus banale. Devant une petite église, un mariage prends fin. Les mariés jettent le bouquet et une femme, Janet Weiss, le rattrape. Les nouveaux amoureux partent alors en voiture vers un futur radieux. L'ambiance fleure bon les années 1960 et leur vision idyllique de l'american way of life. Les héros de cette histoire que nous découvrons très vite, Janet Weiss et son fiancé Brad Majors, en sont une caricature éclatante et assez féroce. Brad est bien sous tout rapport, un look de gendre idéal avec ses lunettes et son pantalon court. Ils semblent amoureux comme le sont les héros des films de cette époque, aucunes ombres au tableau. Rétrospectivement, cette séquence est sûrement la plus effrayante du film tant cette image de la perfection du couple sonne fausse et surannée. Des films postérieurs comme Grease ou American Graffiti nous montrerons que cette vision n'est pas le reflet de la réalité. La chanson de la demande en mariage « Damn' it Janet » marque déjà une distance ironique qui traversera tout le film : « There's three ways that love can grow : that's good, bad or mediocre » (l'amour peut grandir de trois façons : en bien. en mal ou en médiocre). La scène qui suit, conduite par un narrateur /criminologiste, indique une fois de plus au spectateur que cette situation idyllique ne peut durer et le film va alors prendre un malin plaisir à détruire ces idéaux.

    D'abord conçu pour la scène londonienne en 1973 par un comédien au chômage, Richard O'Brien (pour l'anecdote, il vient de se faire virer de Jésus Christ Superstar dans laquelle il était figurant), le Rocky Horror Show rencontre un succès inattendu. Le public a alors l'habitude des Comédies Musicales policée et se retrouve face à un spectacle rock, sexy et fou. Le succès est immédiat. Les aventures de Brad et Janet qui, suite à un pneu crevé, doivent se rendre dans un château habité par des extraterrestres de la planète Transylvania dirigé par le travesti Franck N'Furter défraye la chronique. Il faut dire que les thèmes abordés par ce spectacle sont novateur : le sexe, les films de séries B et le rock. Le spectacle voit aussi apparaître pour son premier rôle marquant le comédien Tim Curry dans le rôle de Franck N' Furter. Ce rôle lui collera à la peau et il aura bien du mal à s'en détacher et n'aura d'ailleurs quasiment que des seconds rôles au cinéma. La pièce sera jouée à londres jusqu'en 1980. Cependant en 1975, le réalisateur Jim Sharman va la transposer à l'écran pour le compte de la 20th century fox sous le titre du Rocky Horror Picture Show avec le casting original hormis pour les rôles de Brad et Janet où la Fox va miser sur deux jeunes acteurs américains prometteurs : Barry Bostwick ( le maire de la sitcom Spin City) et Susan Sarandon (Thelma et Louise et Les Sorcières d'Eastwick). Sorti le 14 Août 1975 en Angleterre, c'est un échec commercial retentissant. Son caractère provoquant, délirant et sexuel qui avait fait son succès sur scène lui aura fait du tort sur grand écran. Ce n'est que plus tard qu'il va acquérir le statut de film culte quand il entrera dans la programmation des « midnight movies ». Ces séances spéciales à minuit diffusent des films jugés subversifs. On y trouve notamment La Nuit des Morts Vivant de Romero et les films de John Waters. Le Rocky Horror Picture Show devra également son succès à l'appropriation que s'en fera son public. Un mouvement spontané de fans va lancer une mode qui perdure jusqu'à maintenant. Ils viennent habillés comme les personnages du film, déclament les répliques en même temps, en ajoutent certaines (dont des jeux de mots graveleux). Pour mieux vivre l'expérience du film, il viennent équipés de bouteilles d'eau pour simuler la pluie durant la scène d'orage, de riz pour lancer sur les autres spectateurs pendant le mariage, etc. Cette pratique se répands à travers le monde et, encore aujourd'hui, certaines séances spéciales du film ont lieux. L'exception reste parisienne où le film est diffusé chaque vendredi et samedi au Studio Galande dans le 5ème arrondissement de Paris depuis plus de 25 ans, sans interruption.

    Au delà du folklore qui l'entoure, qu'est ce qui rends ce film « culte » ? Les réponses ont déjà été évoquée plus tôt, mais nous allons nous y pencher plus en profondeur pour tenter de comprendre cet engouement qui entoure le film. Le sexe tout d'abord est omniprésent. Le personnage de Franck N' Furter est une métaphore vivante de la liberté sexuelle, d'une vie libérée de toutes inhibitions et de toutes règles morales. Il est transsexuel, bisexuel et créé un homme sans cerveau mais avec une plastique fantasmatique pour « soulager ses tensions ». Son seul plaisir compte et c'est par lui que vont exploser les codes moraux de Brad et Janet. L'intrusion du sexe dans leur morale chrétienne et bien pensante va agir comme une bombe à haute déflagration qui va mettre à mal leur vision des choses et révéler une nature enfouie. Dès leur arrivée dans le château, on va leur enlever leurs sous vêtements pour détruire leur barrière physique. Ils ne sont plus protégés par l'apparence proprette qu'ils véhiculaient. D'ailleurs, très vite, les personnages vont à être dysfonctionnels. Brad présente sa fiancée comme « janet Vice » au lieu de « Weiss » ; Janet qui commence par clamer ne pas aimer les hommes selon leur physique finit par lâcher sans s'en rendre compte « je suis une fan de muscles » à l'apparition de rocky torse nu en slip doré. Ils ont beau lutter contre leurs pulsions, tout deux vont céder aux avances de Franck N' Furter dans leur lit le soir même. L'aventure les laissera à l'image du dernier plan où on les voit : quasi nu sur un paysage dévasté. Franck a lancé la bombe et elle a fait son effet, quoiqu'il advienne il ne reste plus rien de ce qu'ils étaient. La dernière réplique du film donne d'ailleurs tout son sens au parcours de ces personnages et montre que nous n'avons pas simplement affaire à une comédie simplette : « and crawling on the planet's face, some insects called the human race, lost in time, lost in space and in meaning » («  et rampant sur la planète, des insectes qu'on appelle la race humaine, perdu dans le temps, l'espace et le sens »).

    Un autre élément important est l'univers et la mise en scène délirante qui entoure cette histoire déjà folle. Les personnages sont hauts en couleurs et la photographie accentue ce caractère. La récente sortie du magnifique blu-ray faisait ressortir à merveille l'explosion de couleurs qui inondent l'écran. Du rouge et noir érotiquo-rock du générique à l'avalanche de couleurs différentes au sein du château, le contraste donne un aspect dessin-animé à l'ensemble. Les scènes où Brad et Janet se donnent à Franck sont filmée avec des filtres rouges et bleu accentuant l'aspect fantasmatique des scènes. Auparavant le dvd, et maintenant le blu-ray, nous permettent de voir le film comme l'avait conçu Jim Sharman et, une fois encore, la couleur a son importance. En effet, selon ce qu'il avait prévu le premier quart d'heure du film (jusqu'à l'entrée de Brad et Janet dans la salle de bal durant « time warp ») devait être en noir et blanc. La couleur devait alors apparaître comme une explosion au visage du spectateur. Au delà de l'effet surprenant et ludique de ce procédé et de l'hommage évident au films de série B, il permet surtout de mettre en avant par le noir et blanc l'aspect terne et banale de la vie de Brad et Janet en comparaison à celle des transylvaniens.

    Comme toute comédie musicale, le film repose beaucoup sur les moments musicaux qui s'avèrent tous être exceptionnellement rocks et subversifs. Le « time warp » est une danse qui consiste à mettre des coups de bassins en avant et en arrière et ça rends fou celui qui le pratique. Difficile de ne pas y voir de connotation sexuelle. Certaines chansons se payent même le luxe d'être totalement explicite comme celle de Janet avant d'avoir une aventure avec la « créature sexuelle » de Franck N' Furter, Rocky : « Touch-a touch-a touch-a touch me, i wanna be dirty » (« Touches moi, je veux être vilaine ! »). Mais tout ceci est fait avec une finesse et un humour dévastateur. Les prestations des comédiens y sont pour beaucoup. Tim Curry assume jusqu'au bout tout les excès de son personnage. Il enchaîne les sous-entendus coquin avec un naturel déconcertant, allant jusqu'à faire des clins d'oeil au spectateur, témoin privilégié de ses plans « diaboliques ». Susan Sarandon dans ce film une période de sa carrière consacrée à l'interprétation de personnages féminin aux pratiques sexuels explicite dans les films, allant jusqu'à sucer le bout des tétons de Catherine Deneuve dans Les Prédateurs de Tony Scott. Le rôle de Brad semblait taillé pour Barry Bostwick tant il est entré avec aisance dans ce personnage coincé et en même temps toujours sympathique envers son prochain. Les seconds rôle ne déméritent pas, que ce soit Richard O'brien (Riff Raff), Patricia Quinn (Magenta), et surtout Jonathan Adams qui campe un Docteur Everett Scott à se tordre de rire. Ancien professeur d'université de Brad et Janet, Le Docteur Scott se retrouve lui aussi dans le château à la recherche de son neveu Eddie qui lui a envoyé un message de détresse. La chanson où il raconte la vie d'Eddie reste un des moments de bravoure délirante du film qui montre que même avec un personnage en fauteuil roulant, une chorégraphie est possible. Pour l'anecdote, dans la version scénique, le côté allemand de Scott était beaucoup plus mis en avant, le faisant débuter sa chanson par un « eins, swei, drei » tonitruant sentant bon le troisième reich.

    Le Rocky Horror Picture Show est un film incontournable pour les amateurs de comédies musicales, de pastiches de films de série B et de délires en tout genres. Certains lui reprocheront un scénario qui a tendance à se disperser régulièrement mais il est beaucoup plus construit que ce dont il donne l'impression. Tout le monde n'aimera pas forcément mais c'est un film qui ne laisse pas indifférent. Soit on l'adore ou on le déteste. En revanche, pour en profiter pleinement, rien ne vaut les séances au Studio Galande pour les parisiens. Pour ce qui ne peuvent pas s'y rendre, nous ne pouvons que trop leur conseiller de le voir en blu-ray tant la restauration donne un nouveau souffle à ce film


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